Comprendre la gravité de l’AVC à l’aide de données administratives sur la santé
La Dre Amy Yu est clinicienne-chercheure à l’Institut de recherche Sunnybrook et scientifique auxiliaire à l’Institut de recherche en services de santé (ICES). Elle utilise des méthodes de recherche basées sur les services de santé, y compris le couplage de vastes fichiers de données administratives, pour étudier les maladies cérébrovasculaires (maladies qui affectent l’approvisionnement du cerveau en sang), surveiller les maladies et évaluer les résultats en matière de qualité des soins de santé.
En 2021, la Dre Yu et son équipe de recherche ont été sélectionnées dans le cadre des Projets visant à faire progresser l’inventaire des algorithmes (PPIA) grâce à leur étude intitulée « Validation externe du score de gravité de l’AVC de surveillance passive (PaSSV) ».
Q : Pouvez-vous résumer vos travaux de recherche?
R : Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont une des principales causes de décès et d’invalidité. La gravité d’un AVC est absente des données administratives recueillies régulièrement (admissions à l’hôpital, ordonnances, etc.). Notre incapacité à tenir compte de la gravité d’un AVC limite la modélisation statistique des études sur la population et peut amplifier l’importance des facteurs de risque comme l’âge, le sexe et les comorbidités par rapport aux résultats d’un AVC.
Nous avons déterminé le score de gravité de l’AVC de surveillance passive (PaSSV) à l’aide de données administratives en Ontario. Nous avons découvert que le score PaSSV fonctionne aussi bien que le score de gravité de l’AVC observé qui est fondé sur les données cliniques pour prévoir le taux de mortalité dans les 30 jours, toutes causes confondues. Nous espérons faire les mêmes travaux en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.
Q : Qu’avez-vous accompli depuis le début du projet?
R : Le projet progresse à un rythme différent dans les trois provinces en raison des différences administratives et contractuelles.
Toutes les analyses de l’étude sont terminées en Nouvelle-Écosse, et les résultats ont été revus par l’équipe de recherche.
En Colombie-Britannique, la demande d’accès aux données a été approuvée par le comité d’intendance des données et par le ministère de la Santé de la province. L’entente de recherche du ministère de la Santé est en cours d’examen. Nous pourrons ensuite commencer les analyses dans la province.
Q : Quelle est l’importance de ces travaux pour la population? De quelle manière aideront-ils les professionnels de la santé et le milieu de la recherche?
R : Les AVC sont une des premières causes de mortalité et de morbidité. La plupart des modèles de prévision des résultats comprennent une mesure de la gravité de l’AVC. En effet, elle représente l’un des prédicteurs les plus importants de la mortalité et elle est essentielle pour comparer la qualité des soins offerts dans les hôpitaux pour les AVC. Or, la gravité des AVC n’est pas consignée dans les données administratives et est souvent absente des registres cliniques sur les AVC.
La mesure et la surveillance des résultats des patients après un AVC sont indispensables à l’amélioration de la qualité et à l’excellence des soins. Les résultats après un AVC ne sont pas influencés uniquement par la qualité des soins : ils dépendent énormément des caractéristiques des patients. L’ajustement selon les risques pour la gravité des AVC est hautement pertinente pour la recherche sur les résultats des AVC, les classements des hôpitaux basés sur leur performance et les analyses sur l’économie de la santé. Il peut être trompeur d’utiliser des résultats non ajustés dans la recherche sur les services de santé si les facteurs pronostics varient selon les variables de regroupement, comme les hôpitaux ou les régions.
Par exemple, un grand centre de traitement des AVC qui accepte les transferts de patients ayant subi de graves AVC et qui traite les cas d’AVC les plus graves pourrait afficher une performance médiocre si l’on tient seulement compte des résultats standards, comme la mortalité ou la durée du séjour, comparativement à un centre primaire qui traite des AVC légers. De même, la performance d’un hôpital qui admet tous les patients qui ont subi un AVC – même léger – pourrait sembler meilleure que celle d’un hôpital qui possède un programme efficace pour traiter les patients en consultation externe et évite d’admettre ces patients.